Avec mes collègues parlementaires socialistes, les maires de Cherbourg-en-Cotentin et Rouen, et le président du groupe socialiste à la Région, nous avons interpellé le ministre des Transports sur la fermeture envisagée de la ligne reliant Paris à Cherbourg-en-Cotentin :
Monsieur le Ministre,
Nous souhaitons attirer votre attention sur une situation préoccupante concernant l’axe ferroviaire Paris–Mantes–Cherbourg (SNCF Réseau ligne 366 000), et plus précisément sur le tronçon situé entre Mantes et Bréval, dans les Yvelines.
Depuis plus de vingt-cinq ans, le remblai d’Apremont y présente une instabilité chronique, entraînant des affaissements réguliers. Pour des raisons de sécurité, la vitesse y est aujourd’hui limitée à 40 km/h. Des travaux de confortement ont été menés en 2020 sur l’une des faces du remblai, mais une intervention complémentaire est désormais indispensable de l’autre côté.
À terme, SNCF Réseau prévoit la reconstruction complète à l’identique de cet ouvrage. Or, cette opération impliquerait une fermeture totale de la ligne Paris–Évreux–Caen–Cherbourg pendant au moins trois mois, entre juin et octobre (2028 ou 2029), suivie de six mois supplémentaires de circulation alternée sur 11 kilomètres, en raison des travaux dans le tunnel de Bréval, situé à proximité. Il convient également de souligner que les divers aléas pourraient prolonger encore la durée du chantier.
Une telle fermeture aurait des conséquences extrêmement lourdes pour notre région. Les impacts économiques, sociaux et territoriaux seraient considérables. Elle affecterait directement l’activité de nombreux secteurs dans l’Eure, le Calvados et la Manche, notamment l’industrie, avec en particulier le projet stratégique « Aval du Futur » porté par Orano, essentiel à la souveraineté énergétique de la France et à la dynamique industrielle de la Normandie.
Les universités, les établissements de santé, les commerces et les services seraient eux aussi touchés. En pleine saison estivale, cette interruption risquerait d’entraîner une perte significative de fréquentation pour les stations balnéaires, les musées, les hôtels, les restaurants, les gîtes et les campings, tant de la part de la clientèle française qu’étrangère.
Au-delà des conséquences immédiates, c’est l’image même de la Normandie qui se verrait fragilisée, au moment où nous nous mobilisons pour accroître son attractivité et faire venir sur nos territoires les compétences dont nos entreprises ont besoin.
Nous avons la conviction que des solutions alternatives, moins pénalisantes, doivent être étudiées. Il est indispensable de mettre à plat l’ensemble des options possibles : phasage différent, techniques d’intervention moins invasives, itinéraires alternatifs…
Par ailleurs, nous rappelons que la Normandie n’a bénéficié d’aucun investissement ferroviaire structurant depuis plusieurs décennies, contrairement à d’autres régions. Comme l’avait reconnu l’ancien président de la SNCF, Guillaume Pépy : « la SNCF a une dette envers la Normandie ».
Dans ce contexte, nous sollicitons un rendez-vous avec vous dans les meilleurs délais afin d’envisager ensemble les solutions les plus adaptées à la situation. Nous sommes convaincus qu’un échange direct permettrait d’engager une dynamique constructive pour éviter un scénario aussi dommageable.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.
Anna PIC, députée de la Manche
Arthur DELAPORTE, député du Calvados
Philippe BRUN, député de l’Eure
Chantal JOURDAN, députée de l’Orne
Gérard LESEUL, député de la Seine-Maritime
Florence HÉROUIN-LÉAUTEY, eéputée de la Seine-Maritime
Sébastien FAGNEN, sénateur de la Manche
Corinne FÉRET, sénatrice du Calvados
Didier MARIE, sénateur de la Seine-Maritime
Laurent BEAUVAIS, président du groupe La Gauche Normande au Conseil régional de Normandie
Benoît ARRIVÉ, maire de Cherbourg-en-Cotentin
Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, maire de Rouen et président de la Métropole Rouen Normandie