Published On: 3 mars 2025
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Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche marque une offensive sans précédent contre la science et ceux qui la font vivre. La revue américaine Science alerte sur une véritable « décimation » des agences scientifiques fédérales, tandis que chercheurs et universitaires se retrouvent pris dans une tempête idéologique digne du maccarthysme.

En quelques semaines, le duo Trump-Musk a drastiquement réduit les financements fédéraux consacrés à la recherche. Des centaines de postes ont été supprimés, et la National Science Foundation (NSF), l’agence gouvernementale chargée de soutenir la recherche fondamentale, devrait voir son budget amputé de plus de moitié. Les National Institutes of Health (NIH), qui constituent la principale source de financement de la recherche biomédicale aux États-Unis, sont aussi touchés : leurs subventions aux centres hospitaliers universitaires s’effondrent, mettant en péril des décennies de progrès en médecine.

Mais les attaques ne se limitent pas à une simple asphyxie budgétaire. Certaines disciplines sont censurées, jugées incompatibles avec l’orthodoxie trumpiste. Les termes « diversité »,  « inégalités », « racisme »« femmes », « LGBT » disparaissent progressivement des sites officiels, tandis que des publications scientifiques issues d’instituts publics sont suspendues. La recherche sur les énergies renouvelables et les études environnementales sont systématiquement ciblées, réduites au silence par une administration qui n’admet que la science qui la conforte. 

Plus grave encore est la véritable chasse aux sorcières qui s’organise. L’administration Trump licencie en masse sous des prétextes fallacieux, impose des listes noires de projets jugés suspects. Le sénateur Ted Cruz, figure de proue de cette croisade, a ainsi publié une liste recensant des milliers de travaux scientifiques financés par des fonds publics, parmi lesquels des travaux sur les éclipses solaires ou les véhicules autonomes, qu’il qualifie de « propagande néomarxiste » et de « wokisme ».

Contrairement à son premier mandat, où l’opposition institutionnelle avait réussi à freiner certaines décisions, Trump adopte désormais une stratégie méthodique, brutale et systématique. En démantelant les garde-fous, en paralysant les agences scientifiques et en terrorisant la communauté académique, il impose une vision réactionnaire du savoir où seules les recherches conformes à son idéologie survivent.

La guerre contre la science n’est qu’une étape d’une stratégie plus vaste. En substituant la propagande aux faits, l’administration ouvre la voie à un pouvoir autoritaire, où le rejet de la réalité devient un outil de gouvernance. L’éradication de la connaissance critique est le prélude à un monde où la science n’est plus qu’un instrument au service d’une idéologie, et non un outil au service du bien commun.

Face à cette situation, nous avons aujourd’hui une responsabilité historique : offrir un refuge aux scientifiques dont le travail est rendu impossible aux États-Unis. Pour garantir la continuité de la production scientifique et protéger ces chercheurs victimes de persécutions, nous avons un devoir d’accueil. Soyons conscients que partout où cette idéologie se déploie, elle s’attaque à ceux qui sont les garants de la production d’un savoir libre et indépendant, essentiel au fonctionnement démocratique et au progrès collectif. Parce que nous savons la valeur de la recherche et de nos chercheurs pour l’avenir, l’Europe doit être le refuge face à l’obscurantisme.

Signataires :

  • Anna Pic, députée de la Manche
  • Fatiha Keloua-Hachi, députée de la Seine-Saint-Denis, présidente de la commission des Affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale
  • Emma Rafowicz, députée européenne, vice-présidente de la commission de la culture et de l’éducation du Parlement européen
  • Gulsen Yildirim, professeure des universités, secrétaire nationale du Parti socialiste en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche
  • Alexane Riou, secrétaire nationale adjointe du Parti socialiste en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche

Le lien vers la tribune publiée sur le site de Libération